Vinokourov positif, Astana se retire...
Publié le 24 juillet à 17:47
Le Kazakh Alexandre Vinokourov (Astana) a subi samedi soir, à l’issue de sa victoire dans le contre-la-montre d’Albi, un contrôle antidopage qui a révélé la pratique d’une transfusion sanguine homologue. La formation Astana quitte le Tour de France.
La nouvelle va à nouveau plonger le cyclisme dans la tourmente. Après le malaise Rasmussen, actuel maillot jaune du Tour de France ayant reçu deux avertissements de l’UCI pour ne pas avoir donné son lieu d’entraînement, c’est une autre grosse pointure de Tour qui accable un peu plus l’image de ce sport.
Le prélèvement sanguin opéré à l’arrivée a démontré, après analyse au sein du laboratoire de Châtenay-Malabry, la présence de deux populations distinctes de globules rouges dans l’échantillon A. Ce qui, en clair, signifie que Vinokourov a eu recours à une transfusion homologue très peu de temps avant l’étape, en utilisant le sang d’un donneur compatible (groupe sanguin et rhésus). Le Kazakh a subi un autre test hier après sa seconde victoire sur la Grande Boucle à Loudenvielle-Le-Louron. Les résultats seront connus mercredi.
Selon le code éthique mis en place par Astana Cycling Team, Alexandre Vinokourov est suspendu de l’équipe avec effet immédiat. Le coureur a cependant demandé une contre-analyse, stipule un communiqué. Après avoir été informés par le management de l’équipe Astana, les organisateurs du Tour de France ont invité Astana Cycling Team à se retirer de la course, ce qui a été accepté spontanément", conclut le communiqué.
En ces deux semaines de Tour, blessé notamment aux deux genoux, Vinokourov, qui avait dû recevoir de nombreux points de suture, s’était accroché dans l’espoir fou de réussir à gagner enfin, à l’âge de 33 ans, le Tour de France. Son obsession. Comme Lance Armstrong, "Vino" avait eu aussi recours aux services du préparateur italien Michele Ferrari, un médecin à la réputation sulfureuse. Au point d’être stigmatisé par le président de l’UCI, l’Irlandais Pat McQuaid, qui estimait avant le Tour que son éventuelle victoire serait moins crédible. "Michele Ferrari n’est pas mon médecin, c’est mon entraîneur particulier", s’était justifié le Kazakh avant le départ de Londres.
L’explication n’avait pas levé tous les doutes sur Vinokourov, qui n’avait jusqu’à présent jamais été contrôlé positif depuis son début de carrière en 1997. Ni sous le maillot Telekom (devenu T-Mobile), où il s’était lié avec l’Allemand Jan Ullrich, emporté par l’affaire de dopage Puerto. Ni sous le maillot Astana, endossé voici treize mois. Absent l’an dernier du Tour de France, une course qu’il a terminée au mieux à la troisième place (en 2003), "Vino" a donc été rattrapé à cause d’une pratique que l’on sait détectable depuis l’automne 2004. L’Américain Tyler Hamilton avait notamment été convaincu de dopage par cette méthode sur la Vuelta.
Réactions :
Eric Boyer (Manager Cofidis) : "Je suis totalement écoeuré. J’espère que Vinokourov n’aura pas la lâcheté de nier, qu’il nous expliquera, qu’il nous dira qui l’a aidé, qui a participé à cette saloperie, parce qu’il a pas pu faire ça tout seul. Vinokourov, il nous disait qu’il ne travaillait avec le Dr Ferrari que pour des plans d’entraînement. Il nous disait qu’il était courageux, que les Français l’aimaient bien, qu’il était plus fort que la douleur, il nous disaient que nous Français on ne savait pas faire, qu’on était des fainéants, on se rend compte que c’est un gros salopard, qui à travers ces pratiques jette encore une fois le discrédit sur le cyclisme. C’est un coup dur de plus, j’espère qu’encore une fois on s’en relèvera. Je ne regrette pas ce que je dis depuis plusieurs jours, plusieurs mois. Je demande que toute l’équipe Astana quitte le cyclisme le plus tôt possible."
David Millar (SCO/Saunier Duval) (au bord des larmes) : "Je suis triste, c’est un de mes coureurs préférés. On ne peut pas faire ça au cyclisme, on ne peut pas faire ça aux coureurs propres, on ne peut pas faire ça au Tour de France. Moi, je cours le Tour de France sans une piqûre. Je veux que les gens croient en mon sport, je veux que les gens croient au Tour de France".
Article écrit par Jean-Charles Lecourt
Source
www.france3.fr